Thèse

Victimes de plaies par arme à feu au Centre Hospitalier de Cayenne : Étude épidémiologique de 2016 à 2019

Auteur(s) : Elliott Beguinot

RESUME

Contexte

Les plaies par arme à feu sont peu étudiées et sont responsables d’une mortalité élevée. La Guyane est le territoire français où le taux d’agression armée est le plus élevé en France. Elle présente également une situation géographique et sociodémographique singulière rendant le système de soin particulier. L’étude épidémiologique des traumatismes balistiques permettrait d’améliorer la prise en charge de ces patients.

Objectif

L’objectif de ce travail est d’établir l’épidémiologie des victimes par arme à feu prises en charge à Cayenne afin de définir les caractéristiques sociodémographiques de celles-ci et les facteurs associés au décès.

Méthode

De janvier 2016 à décembre 2019, nous avons réalisé une étude rétrospective au Centre Hospitalier de Cayenne (CHC), incluant tous patients admis pour le motif de plaies par arme à feu au service d’accueil des urgences, au SAMU et à l’unité médico-judiciaire (UMJ).

Résultats

Notre étude a inclus 340 patients, dont 71 victimes décédées. Notre cohorte était composée majoritairement d’une population d’hommes (90%), jeunes (30 ± 11 ans). Les évènements se sont déroulés principalement la nuit (60%), dans un contexte d’agression (83%) et en lien avec l’utilisation d’armes d’épaule (82%). Parmi les 290 patients pris en charge au CHC, 60% ont été hospitalisés dont 12% en réanimation, 41% ont nécessité un traitement chirurgical et 7% sont décédés. La durée moyenne de séjour (DMS) globale était de 10 ± 18 jours. Nous n’avons pas retrouvé de différence significative sur les critères de gravité (p=0,23) ou de décès (p=0,64) entre les victimes de Cayenne et ses environs et celles des communes isolées. Seuls les délais d’admission (0h59 vs 8h15, p<0,001) et la DMS (8j vs 19j, p<0,001) étaient statistiquement augmentés pour les victimes issues des sites isolés. La mortalité globale (n=71) était associée au sexe (p<0,001) et au contexte de suicide (p<0,001). Les orifices d’entrée (tête et cou, thorax ; p<0,001) ainsi que lésions induites (neurologiques, respiratoires et vasculaires ; p<0,005) se sont révélés comme des facteurs prédictifs de mortalité.

Conclusion

Ce travail souligne la forte incidence des traumatismes balistiques en Guyane. Celle-ci touche principalement une population jeune et masculine en lien avec la circulation d’armes d’épaule et les agressions. Malgré les difficultés géographiques liées au territoire et les déficits de plateau technique, la mortalité est comparable à d’autres études notamment en Guadeloupe mais reste plus de deux fois supérieure à la France hexagonale. Ce travail soulève de nombreux axes d’amélioration possibles notamment sur la prise en charge et les moyens de prévention disponibles.

Mots clés : arme à feu, agression, traumatisme balistique, épidémiologie, Guyane