Thèse

Profils et perspectives des médecins exerçant dans les structures d’urgences des territoires français

Résumé :

Introduction :

L’accès aux soins est une des préoccupations majeures dans un pays où l’offre de soins se transforme. La médecine d’urgence devenue une spécialité en 2017 ferme la porte progressivement à l’exercice du médecin généraliste souhaitant avoir un exercice hospitalier. En parallèle, le nombre de consultations aux urgences ne cesse d’augmenter créant une forte inadéquation entre demande de consultation et disponibilité médicale. L’objectif de notre étude est de dresser un profil des médecins exerçants aux urgences dans différents territoires français dans le monde. Les objectifs secondaires sont d’évaluer leur ressenti professionnel ainsi que leurs perspectives d’avenir.

 

Matériel et méthode :

Étude prospective multicentrique menée du 09 janvier au 12 février 2023 dans 9 services d’urgences de France hexagonale et d’outre-mer. Les médecins interrogés étaient médecins séniors exerçant dans un des services participants à l’étude. Les services étaient inclus si au moins 70% de l’effectif médical participait à l’étude. Les participants devaient répondre à un questionnaire dématérialisé.

 

Résultats :

Sur 229 réponses, 208 (90,8%) remplissaient les critères d’inclusion, répartis sur 9 services d’urgences. Le sex-ratio H/F était de 1,5 avec un âge moyen de 38,2 ans (30,1- 46,3), 126 (60,1%) exerçaient dans une région sans lien avec leur origine ou leur formation. La répartition par spécialité retrouvait 92 (44,2%) médecins urgentistes contre 116 (55,8%) médecins généralistes. 119 (52,7%) déclaraient être titulaire d’un diplôme universitaire, dont 51 (24,5%) 3 DU ou plus. 156 (75%) avaient un ressenti négatif de leurs conditions de travail. Les principaux griefs étaient le manque d’effectif pour 146 (70,2%) et le manque de lits d’aval pour 128 (61,5%). 165 (79,3%) participants envisageaient de rester 3 ans ou plus dans leur service actuel mais 189 (90,9%) déclaraient vouloir modifier leurs conditions d’exercice à l’avenir.

 

Conclusion :

Ce travail identifie une population jeune, majoritairement masculine, mobile géographiquement mais qui continue de se former. Ils exprimaient un ressenti négatif sur leurs conditions de travail et exprimaient un projet de modification de leur condition d’exercice à l’avenir.

 

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Abstract

Introduction:

Access to care is a major concern in a country where the supply of care is changing. Emergency medicine, which became a specialty in 2017, is gradually closing the door on GPs wishing to practice in hospitals. At the same time, the number of emergency room consultations continues to rise, creating a major mismatch between consultation demand and medical availability. The aim of our study is to draw up a profile of doctors working in emergency departments in different French territories around the world. Secondary objectives are to assess their professional feelings as well as their future prospects.

Material and method:

Multicenter prospective study conducted from January 09 to February 12, 2023 in 9 emergency departments in mainland and overseas France. Physicians surveyed were senior physicians practicing in one of the participating departments. Departments were included if at least 70% of their medical staff participated in the study. Participants were asked to complete a dematerialized questionnaire.

Results:

Of 229 responses, 208 (90.8%) met the inclusion criteria, spread across 9 emergency departments. The M/F sex ratio was 1.5, with an average age of 38.2 years (30.1- 46.3). 126 (60.1%) practiced in a region unrelated to their origin or training. The breakdown by specialty was 92 (44.2%) emergency physicians versus 116 (55.8%) general practitioners. 119 (52.7%) said they held a university degree, including 51 (24.5%) 3 DU or more. 156 (75%) had a negative view of their working conditions. The main grievances were the lack of staff for 146 (70.2%) and the lack of downstream beds for 128 (61.5%). 165 (79.3%) participants planned to stay in their current department for 3 years or more, but 189 (90.9%) said they wanted to change their working conditions in the future.

Conclusion:

This study identifies a young, predominantly male, geographically mobile population that continues to train. They expressed negative feelings about their working conditions, and had plans to change their working conditions in the future.