Introduction :
L’hypertension artérielle est la plus fréquente des maladies chroniques dans le monde et est le premier motif de recours de consultation en médecine générale. Un retard de diagnostic et/ou de prise en charge provoquent secondairement une augmentation de complications neurovasculaires et cardiovasculaires. Ces pathologies, en pleine croissance, deviennent des causes de mortalité majeures en Guyane. L’objectif de la présente étude est de décrire l’incidence et l’épidémiologie des patients admis aux urgences de Cayenne pour Hypertension sévère. L’objectif secondaire est l’évaluation du suivi médical, paramédical et de l’observance thérapeutique de ces patients.
Matériel et méthode :
Nous avons réalisé une étude descriptive prospective et monocentrique dans le Service d’accueil des urgences du Centre Hospitalier de Cayenne du 1ᵉʳ mai 2021 au 31 décembre 2021. Tous les patients âgés de 18 ans ou plus admis pour une poussée hypertensive (TAS ⩾ 180 et/ou TAD ⩾ 110) ont été inclus. Ont été exclus les patients pour lesquels un facteur déclenchant intercurrent était tenu responsable de la poussée hypertensive. Le suivi ambulatoire et l’observance thérapeutique des patients ont été évalués ainsi que la morbi mortalité à 12 mois par rappel téléphonique.
Résultats :
Durant la période de l’étude, 217 patients ont présenté une hypertension artérielle sévère (incidence = 0.7%). La population était majoritairement féminine (sex ratio H/F = 0.85), d’une moyenne d’âge de 60 ± 15 ans et présentait un indice de masse corporel de 28,4 ± 6,4 kg/m2. Le taux de précarité était marqué (42%). Concernant le suivi, 124 patients (70%) ont déclaré un médecin traitant, mais seulement un patient sur deux déclarait le consulter tous les 3 mois et 82 patients (66%) déclaraient une mauvaise observance. Selon l’analyse bivariée, le suivi et l’observance thérapeutique sont associées à diverses inégalités de santé dans une population appartenant à des catégories économiques distinctes représentées significativement par : l’origine, l’activité professionnelle, la précarité, la possession d’une mutuelle privée ou d’une ALD.
Conclusion :
La population hypertendue en Guyane Française est majoritairement féminine, d’âge intermédiaire, d’origine étrangère, en surpoids et en situation de grande précarité. La situation financière et la raréfaction de professionnels de santé sur le territoire entrainent un défaut de suivi avec pour conséquences une accentuation des poussées hypertensives chez des patients devenant non-observant. Les bénéfices de la baisse de pression artérielle chez un patient hypertendu sont maintenant bien connus (réduction du risque d’AVC, d’IC, de SCA, d’IRC) mais ces objectifs restent insuffisamment atteints. La gravité et la fréquence de ces pathologies pourraient être fortement diminuées grâce à un meilleur suivi – un patient sur deux voyant son médecin traitant tous les six mois ou plus ; ainsi que par la création d’un réseau de soins organisé par le médecin traitant afin d’améliorer la qualité et espérance de vie de ces derniers.
Mots-clefs :
Hypertension artérielle, Épidémiologie, Observance, Précarité, Prise en charge, Guyane Française