Auteur : Kirill Oganov
Introduction : Les milieux isolés en Guyane, de par leur aspect sauvage – et donc dangereux dans l’imagination collective – n’ont pas été le sujet de nombreuses études quant à la dangerosité réelle qu’ils représentent. Ils sont cependant le lieu de travail de nombreuses professions. L’objectif de cette étude était de décrire quelles sont les pathologies auxquelles sont le plus exposés ces travailleurs. Les objectifs secondaires étaient la détermination de la gravité des atteintes et la recherche de facteurs favorisants ou protecteurs.
Matériels et méthodes : Enquête spécifique des connaissances, attitudes et pratiques (CAP) par autoquestionnaire en ligne envoyé à des organismes liés à la nature, pour une étude épidémiologique descriptive rétrospective transversale. Le questionnaire – en ligne de juillet à septembre 2017 – comportait des questions sur le temps passé en Guyane, le mode de vie en milieux isolés et les maladies contractées.
Résultats : 92 individus ont répodu, 59 hommes et 33 femmes avec un âge médian de 38,5 ans. La médiane de temps passé en Guyane était de 84 mois. Le lieu le plus fréquenté était la forêt profonde (91,3% de séjours au moins occasionnels), l’activité la plus pratiquée était l’étude de la faune et de la flore (au moins occasionnelle dans 72,8% des cas) et la durée de séjour moyen était majoritairement entre 3 et 30 nuits (68,4% de la population). Les atteintes les plus fréquentes ont été par ordre décroissant la faune (plus de 1164 cas signalés dont au moins 975 par insectes), dermatologiques (plus de 997 cas), traumatologiques (plus de 268 cas), infectieuses autres (plus de 141 cas), digestives (plus de 99 cas), pulmonaires (plus de 23 cas) et enfin urinaires (plus de 11 cas). 56,8% des individus hospitalisés l’étaient à cause d’infections ou parasitoses, 22,7% sur de la traumatologie, 9% sur des agressions par la faune. Les atteintes reliées au spectre tropical (inexistantes en métropole) ont été pourvoyeuses de 36,4% des hospitalisations totales, dont 20,5% liées à la leishmaniose. Les travaux mécaniques sont l’activité la plus à risque, avec des odds ratio augmentés pour de nombreuses pathologies.
Discussion/Conclusion : L’étude montre une prédominance des atteintes par animaux, puis cutanées puis traumatiques, infectieuses et digestives. Concernant la gravité, l’ordre est inversé avec les atteintes infectieuses et traumatiques les plus pourvoyeuses d’hospitalisations et les atteintes cutanées et par animaux rarement graves.