Thèse

Attaques massives par abeilles africanisées Apis mellifera scutellata : Etude observationnelle aux urgences de Cayenne (2014-2023)

Résumé

Contexte :

En Guyane française, l’augmentation des espaces urbanisés au détriment des espaces naturels augmente les contacts avec la faune sauvage. Les piqûres par hyménoptères sont devenues l’agression par faune sauvage la plus représentée aux Urgences de Cayenne. L’objectif de cette étude est la description épidémiologique des agressions massives par les abeilles africanisées Apis mellifera Scutellata au Centre Hospitalier de Cayenne ainsi que la description des modalités de leur prise en charge.

Matériels et méthodes :

Étude descriptive rétrospective de janvier 2014 à décembre 2023, incluant toutes les victimes d’agression par plus de 5 inoculations d’abeilles africanisées prises en charge par le Service d’Urgences de Cayenne. Une analyse en sous-groupe attaque « sévère » vs. « non sévère » (200 inoculations) a été réalisée.

Résultats :

Sur 10 ans, 143 patients ont été inclus, majoritairement des hommes (H/F = 2,5) de 45 ±20 ans attaqués en présence d’autres victimes dans 41% des cas. Les six derniers mois de l’année regroupaient 71% des attaques. La moitié des patients ont été victimes de plus de 50 piqûres. La tête était le segment le plus visé par les abeilles, atteinte dans 57% des attaques. Neuf pour cent présentaient des inoculations diffuses. Sur le plan clinique, 50% présentaient une tachycardie et 3,5% avaient une PAM<65mmHg. L’érythème et l’urticaire étaient les symptômes les plus retrouvés (41% et 36%) et les signes digestifs étaient significativement plus présents dans le groupe sévère. Parmi les patients du groupe sévère, 70% d’entre eux ont été pris en charge par un SMUR. Une injection d’adrénaline était réalisée chez 29% dont 74% dans le groupe sévère (p<0,0001). Sur le plan biologique, des valeurs supranormales étaient retrouvées pour les leucocytes (64%), les polynucléaires neutrophiles (56%), les troponines (58%), les lactates (50%) et les CPK (43%). Vingt-sept (19%) patients ont été hospitalisés, cinq (3,5%) patients ont été hospitalisés en réanimation et un (0,7%) est décédé.

Conclusion :

Cette étude nous a permis d’évaluer l’importance des envenimations par Apis mellifera scutellata. Nous avons observé une augmentation des cas ces dix dernières années. Les signes cutanés et les troubles digestifs sont les signes d’envenimations prédominants. Ce premier travail sur le territoire nous a permis de proposer un protocole de prise en charge optimisé de ces syndromes anaphylactoïdes.

 


 

Abstract

 

Context:

In French Guiana, the increase of builded areas and the decrease of natural areas is raising contact with wildlife. Hymenoptera stings became the most common form of wildlife attack managed in the Cayenne emergency department. The aim of this study was to provide an epidemiological description of massive attacks by Africanised bees Apis mellifera Scutellata at Cayenne Hospital Centre and to describe how these attacks are managed.

 

Materials and methods:

Retrospective descriptive study from January 2014 to December 2023, including all victims of attack by more than 5 inoculations of Africanised bees managed by the Cayenne Emergency Department. A subgroup analysis of “severe” vs. “non-severe” attack (200 inoculations) was performed.

Results:

Over 10 years, 143 patients were included, mostly men (M/F = 2.5) aged 45 ±20 years attacked in the presence of other victims in 41% of cases. The last six months of the year accounted for 71% of attacks. Half of the patients suffered more than 50 stings. The head was the segment most targeted by bees, affected in 57.3% of attacks. Nine per cent had diffuse inoculations. Clinically, 50.4% showed tachycardia and 3.5% had a MAP<65mmHg. Erythema and urticaria were the most common symptoms (41.3% and 35.7%), and digestive signs were significantly more present in the severe group. Of the patients in the severe group, 70% were treated by the emergency medical service. Adrenaline was injected for 29% of patients, 74% of whom were in the severe group (p<0.0001). Biologically, supranormal values were found for leukocytes (64%), neutrophils (56%), troponins (58%), lactates (50%) and CPK (43%). Twenty-seven (19%) of the patients were admitted to hospital, three (2%) patients were admitted to intensive care, and one (0,7%) died.

Conclusion:

This study enabled to assess the importance of envenomations by Apis mellifera scutellata. We observed an increase in the number of cases over the last ten years, with skin symptoms and digestive disorders being the main signs of envenomations. This initial work in the region enabled us to propose an optimised management protocol for these anaphylactoid syndromes.