Introduction :
Les patients se présentant aux urgences pour tentatives de suicide (TS) sont habituels. L’impact psychologique et social, l’invalidité à long terme qui peut résulter des blessures, ainsi que le risque majeur de récidive et de décès par suicide, font des TS un important défi en santé publique.
En Guyane française, région d’outre-mer d’Amérique Latine située entre le Surinam et le Brésil, la jeunesse, la migration récente, la précarité et le retard structurel en offre de soins
sont des caractéristiques sociales impactant l’état de santé de la population. Nous avons émis l’hypothèse que ce contexte particulier influencerait les processus suicidaires et leur prise en charge médicale.
Objectif principal :
Identification des caractéristiques épidémiologiques des personnes accueillies aux urgences de Cayenne pour tentative de suicide afin de proposer des interventions en santé pertinentes.
Méthode :
Notre étude observationnelle et rétrospective incluait 288 patients se présentant pour tentative de suicide aux urgences du centre hospitalier de Cayenne, sans limite d’âge, sur la période du 1er janvier 2018 au 31 août 2019. Selon le modèle écologique proposé par l’OMS, nous avons discuté les données premièrement d’un point de vue sociétal, puis communautaire et enfin individuel.
Résultats :
Plus d’un tiers des patients étaient nés à l’étranger, de provenances variées : Haïti, Brésil, Surinam, Guyana, République dominicaine, Sainte Lucie, Syrie. Le sexe ratio était de 0,43 soit plus de 2 femmes pour un homme. Dix-sept pour cent des patients étaient sous l’emprise d’un ou plusieurs produits psychoactifs lors de leur passage à l’acte suicidaire. L’intoxication médicamenteuse volontaire aux psychotropes ou aux analgésiques fut la méthode la plus utilisée. Trente-neuf pour cent des patients furent hospitalisés et 10% récidivèrent dans l’année.
Conclusion :
Aux urgences de Cayenne, comme dans l’hexagone, les jeunes femmes, les migrants et les consommateurs de substances psychoactives font partie des populations les plus vulnérables. Une approche écologique adaptée à la complexité des comportements suicidaires et aux particularités de la population permet de définir des stratégies de prévention s’organisant à trois niveaux : sociétal, communautaire et individuel.