Thèse

Étude épidémiologique des états de mal épileptiques aux urgences de Cayenne (EpiDFA)

Auteur(s) : Charles Collin

Contexte :

L’état de mal épileptique (EME) est une maladie rare décrite comme une crise d’épilepsie généralisée durant plus de cinq minutes, une crise focale supérieure à dix minutes ou une absence supérieure à quinze minutes. L’épilepsie affecte particulièrement les populations des pays à revenu bas ou intermédiaire et l’OMS estime que 70% des patients souffrant d’épilepsie pourraient vivre sans crises s’ils étaient correctement diagnostiqués et traités. La Guyane est un département français situé en Amérique du Sud dont les caractéristiques socio-économiques de sa population sont proches de celles des pays voisins.

 

Objectifs de l’étude :

  1. Mesurer le taux d’incidence annuelle de survenue de l’EME chez les adultes pris en charge par le SAMU/SMUR et les urgences du Centre hospitalier de Cayenne.
  2. Décrire les caractéristiques épidémiologiques de l’EME chez l’adulte en Guyane en termes de profils de patients, de facteurs associés, de récidives, de causes et de complications.

 

Matériels et méthodes :

Etude observationnelle descriptive prospective du 22 octobre 2022 au 21 octobre 2023, incluant tous les patients adultes pris en charge pour état de mal épileptique au SAMU/SMUR et aux urgences de Cayenne. Les données socio-économiques, les antécédents et les données de prise en charge ont été recueillis.

 

Résultats :

Sur cette période, 46 patients ont été inclus dans l’étude ce qui représente une incidence annuelle de 34,8/100.000 habitants. La population était majoritairement masculine (H/F=1,56) et d’âge intermédiaire (55 ans ±19). 81% avaient un niveau d’éducation scolaire inférieur ou équivalent au baccalauréat, 53% étaient sans emploi ou à la retraite. Les principaux antécédents étaient une épilepsie secondaire (43%), un AVC (34%) et une hypertension artérielle (37%). Les principaux facteurs favorisants retrouvés étaient l’inobservance thérapeutique (22%) et la consommation ou le sevrage de toxiques (13%). Le SMUR est intervenu dans 48% des cas. Une IRM ou une TDM ont été réalisées pour 78% des patients. Les paramètres cliniques des ACSOS étaient normaux dès le premier contact médical, et 21% présentaient une dysnatrémie modérée. Les traitements entrepris étaient à 92% le clonazépam en première ligne et à 76% le lévétiracétam en deuxième ligne. Au décours de leur prise en charge aux urgences 50% ont été orientés à domicile. Aucune association n’a été retrouvée entre le type de secours, le taux d’hospitalisation, le type d’épilepsie, et le taux d’admission en réanimation.

 

Conclusion :

La population impactée par les EME en Guyane est la même que celle de France hexagonale malgré des conditions socio-économiques plus précaires. La prise en charge réalisée suit les recommandations en vigueur et l’évaluation des facteurs de risques n’a pas permis d’identifier de profil à risque. Ce travail sur petit effectif reste à être complété par les données du reste de la Guyane et des Antilles françaises.