Résumé
Introduction :
Les violences sexuelles sont un enjeu majeur de santé publique ; y compris en Guyane. Le sentiment d’insécurité y est plus important que sur le reste du territoire français. Les violences sexuelles sont un motif important de consultation en médecine légale et d’urgence. L’enjeu est une prise en charge dans les 72 heures suivant l’agression notamment sur le plan médicolégal ou infectieux. Des données descriptives manquent sur le territoire Guyanais.
Les objectifs de l’étude sont :
– Etablir l’épidémiologie des victimes d’agression sexuelle au Centre Hospitalier de Cayenne
– Evaluer la prise en charge de ces victimes
Matériels et méthodes :
Du 1er janvier 2019 au 31 décembre 2020 nous avons réalisé une étude rétrospective descriptive monocentrique incluant les patients ayant consulté pour agression sexuelle avec une réquisition à l’Unité Médico Judiciaire (UMJ), les patients admis au Service d’Accueil des Urgences (SAU), et à l’Hôpital de Jour Adulte (HDJ A).
Résultats :
Sur cette période, 400 victimes ont consulté à l’UMJ pour agression sexuelle. La majorité des victimes étaient des femmes (86.8%). La médiane d’âge était de 13 ans (8 ;17.5). L’agresseur était majoritairement de sexe masculin (99.2%) le plus souvent connu de la victime (86.7%) et issu du cercle familial (39.8%). Les suspicions d’agression représentaient 18.8% des réquisitions de l’UMJ et concernaient principalement les victimes de moins de 10 ans (82.7%). L’agression la plus fréquente chez les femmes était la pénétration pénio-vaginale (82.2%), et pénio-anale (76.9%) chez les hommes. Le délai de consultation était supérieur à 72h dans 60.6% des cas. Une consultation psychologique était recommandée pour 61.8% des victimes. Nous avons comparé ces données aux 139 passages des urgences pour ce motif et 31 passages à l’HDJ A. Nous avons comptabilisé 73.4% des victimes des urgences vues à l’UMJ. Seize victimes ont été hospitalisées. Parmi les victimes de l’UMJ adressées à l’HDJA, seules 11.3% s’y sont effectivement rendues.
Conclusion :
Notre travail a permis d’identifier une population victime, féminine, jeune le plus souvent agressée par une personne connue d’elle et de sexe masculin. Le délai de consultation était majoritairement supérieur à 72 heures. Lors du suivi de ces patients, nous avons relevé que les victimes prises en charge à l’UMJ et adressées à l’HDJA ne s’y sont pour la plupart pas rendues. Au regard de cette étude, un certain nombre d’axes d’amélioration de prévention et de prise en charge semblent disponibles.