Thèse

Épidémiologie et prise en charge des agressions par la faune sauvage aux urgences de Cayenne

Auteur(s) : Jules MAURER

Résumé

Contexte :

L’augmentation exponentielle de la population et l’extension des zones construites sur les forêts de Guyane multiplient les contacts entre les hommes et la faune sauvage. Ces espèces ont une réputation en Amazonie hostile pour l’Homme. Bien qu’elles ne mènent que minoritairement à des conséquences graves, ces agressions restent des motifs de consultation fréquents en services d’urgences. A cela s’ajoute certaines problématiques inhérentes à l’étendue du territoire, avec des populations isolées, qui soulèvent un certain nombre de défis à relever par le système de soin.

Objectifs de l’étude :

  • Description épidémiologique des agressions par la faune sauvage de Guyane.
  • Description de la prise en charge médicale des victimes de ces agressions aux Urgences de Cayenne.

Matériels et méthodes :

Étude observationnelle descriptive rétrospective du 1er janvier au 31 décembre 2019, incluant toutes les victimes d’agression par la faune sauvage prises en charge par le Service d’Urgences de l’Hôpital de Cayenne. Les données contextuelles des agressions, les données cliniques des patients ainsi que les données de la prise en charge des victimes ont été recueillies.

Résultats :

Sur l’année 2019, 402 patients agressés par la faune sauvage ont été inclus. Le ratio H/F était de 1,7 et l’âge médian était de 32ans (16 – 49). La classe animale la plus impliquée était celle des hyménoptères (26%), suivie des invertébrés non spécifiés (20%), des serpents (16%) et des scorpions (12%). La topographie des lésions concernait les membres inférieurs dans 43% des cas. Des signes d’anaphylaxie ont été décrits chez 4% des patients ; 8% des patients présentaient des signes neurologiques, et 8% présentaient des signes digestifs. Un bilan biologique perturbé a été retrouvé chez 15% des patients. A partir des données cliniques et biologiques, nous avons dénombré 92 patients graves ou à risque de s’aggraver, tous agressés par serpent (49%), insecte (42%) ou scorpion (9%). Aux urgences, 33% des patients ont reçu des antalgiques, et 27% ont été traités par antibiotiques, dont 92% par amoxicilline – acide clavulanique. Les hospitalisations ont concerné 11% des patients. Il n’y a pas eu de décès sur l’année.

Conclusion :

Parallèlement aux agressions par serpents et scorpions étudiées en détail ces dernières années, cette étude souligne l’aspect prépondérant aux urgences des agressions par hyménoptères. Les propriétés spécifiques des espèces en majorité responsables de ces agressions en font un sujet avec un certain nombre d’axes d’amélioration à envisager. Finalement, malgré une augmentation croissante des agressions par la faune au fil des années, il n’est à déplorer qu’une morbi-mortalité faible et stable dans le temps.