Thèse

Identification des patientes à faible risque de résistance aux fluoroquinolones en cas de pyélonéphrite non grave aux urgences. PredUTI3 : Etude multicentrique prospective. Résultats du Centre Hospitalier de Cayenne.

Auteur(s) : Arthur Proust

Contexte :

L’antibiorésistance est un problème de santé publique majeur mondial. Bien que les recommandations préconisent dans la plupart des cas l’usage de fluoroquinolones dans la prise en charge des pyélonéphrites aigues communautaires non graves, l’usage de ces mêmes fluoroquinolones doit être limité si le taux de résistance local des bactéries impliquées est supérieur à 10%. Ainsi la probabilité d’être infecté par une bactérie résistante à une fluoroquinolone doit guider le choix de l’antibiothérapie. Dans les suites de l’étude pilote ayant permis de reclasser 70% des patientes comme ayant une probabilité de résistance aux fluoroquinolones inférieure à 10% dans une population où la résistance globale était de 17% grâce à un modèle prédictif construit sur des données
recueillies aux urgences, ce travail de plus grande ampleur veut définir les variables entrant dans ce modèle et en démocratiser l’usage.

Objectifs :

L’objectif principal était de déterminer la proportion de patientes ayant une probabilité prédite de résistance aux fluoroquinolones inférieure à 10%. Les objectifs secondaires consistaient à déterminer le taux de sur-prescription de céphalosporine de 3ème génération, évaluer les pratiques locales et obtenir une cartographie précise des germes impliqués dans les pyélonéphrites non graves communautaires en Guyane Française.

Matériel et Méthode :

Il s’agit de la déclinaison locale d’une étude multicentrique prospective portée par le Centre Hospitalier Universitaire de Nantes. Le présent travail porte sur le centre investigateur du Centre Hospitalier de Cayenne. Les inclusions ont été conduites au Centre Hospitalier de Cayenne du 1er juillet 2021 au 30 juin 2022. Construction du modèle prédictif par régression logistique après recueil des facteurs de risque de résistances aux fluoroquinolones facilement accessibles aux urgences parmi des caractéristiques démographiques, le terrain et les antécédents des patientes et
certains événements survenus dans les 6 mois précédant l’inclusion.

Résultats :

Les résultats présentés concernent seulement le Centre Hospitalier de Cayenne. Au total 102 patientes ont été incluses en 1 an. Le taux de résistance aux fluoroquinolones a été calculé à 16,8%.
L’antécédent de lithiase urinaire et l’exposition aux céphalosporines de 3ème génération dans les 6 mois précédents ont été statistiquement associés à la résistance aux fluoroquinolones mais le modèle prédictif n’était pas assez puissant pour classer les patientes dans un sous-groupe avec une probabilité de résistance aux fluoroquinolones inférieure à 10%. Dans cette étude, les bactéries retrouvées dans les pyélonéphrites non graves étaient similaires à celles retrouvées en France hexagonale avec une large majorité d’entérobactérie, E. Coli en tête suivi de K. Pneumoniae.

Conclusion :

L’utilisation de modèle prédictif de résistance aux antibiotiques est une perspective encourageante dans la lutte contre l’antibiorésistance et pour l’amélioration de la qualité de la prescription des antibiotiques aux urgences. Notre étude n’a pas bénéficié d’une puissance statistique suffisante pour construire un modèle prédictif local d’utilisation clinique facile et les urgentistes du CH de Cayenne devront continuer à suivre les recommandations actuelles en attendant une possible évolution des pratiques après les résultats de l’étude globale nationale.